12
Le Phénix et son peuple

Aussitôt les korrigans partis, Amos se tourna vers la chaleur du feu mourant de l’âtre et s’agenouilla. Il fit apparaître entre ses mains une sphère de communication capable de porter son message au plus profond des Enfers.

— Peuple des Phlégéthoniens, mon peuple, j’ai besoin de vous ! déclara-t-il en emprisonnant sa requête dans la boule. J’ignore comment vous vous y prendrez, mais j’implore votre puissance afin de pouvoir déjouer les dieux et accomplir ma mission de porteur de masques. Je devrai affronter très bientôt le froid surnaturel du mont d’Hypérion pour tenter de secourir une jeune fille dont le destin est, tout comme le mien, de rétablir l’équilibre du monde. Sans elle, cela ne pourra se faire et les dieux pourront toujours crier victoire et garder leur emprise sur le monde. Peuple des Phlégéthoniens, j’ai besoin de votre force et de vos prières pour accomplir mon devoir. Vous êtes mon unique recours pour me procurer la puissance de la rivière de feu qui m’est essentiel. Vous êtes non seulement un bon peuple, mais aussi un grand peuple ! Venez au secours de votre Phénix, je vous en conjure.

Amos ordonna à la sphère de rejoindre le grand prêtre des Phlégéthoniens afin de lui livrer le message. Aussitôt, la boule alla se placer d’elle-même au-dessus des dernières petites flammes et y pénétra.

Parce qu’il ignorait si son appel au secours allait réussir à traverser les dimensions et à trouver une oreille attentive chez les petits bonshommes de lave, Amos renvoya son message une deuxième, puis une troisième fois. Quelques heures s’écoulèrent sans que rien de nouveau ne se produisît. Puis au petit matin, toujours dans l’attente anxieuse d’une réponse, le porteur de masques vit soudainement les rares braises de l’âtre redevenir flammes ! Un petit Phlégéthonien s’en extirpa comme s’il y était depuis toujours et, mains sur les hanches, vint se placer droit devant le garçon. Heureux et soulagé, ce dernier eut un petit rire nerveux qu’il retint aussitôt. Ce petit bonhomme en fusion était la confirmation même que son message s’était bien rendu. Alors, Amos se rendit compte que se tenait devant lui nul autre que le grand prêtre des Phlégéthoniens.

— Mais un dieu n’appelle pas ainsi à l’aide ! s’écria le petit bonhomme de lave. Les dieux sont prétentieux et n’oseraient pas s’humilier en demandant assistance à leur peuple pour qui, d’ailleurs, ils ne manifestent pas beaucoup d’attention. Mais toi, ô grand Phénix ! tu as su courber l’échine et tu as demandé de l’aide à tes fidèles ! OH OUI ! NOUS SOMMES UN BON PEUPLE ! Et par cette action, OH OUI ! GRAND PHÉNIX, ton peuple a compris que tu étais beaucoup plus qu’un immortel ! TOI, TU N’ES PAS UN GRAND DIEU, TU ES… tu es notre ami, grand Phénix ! ET NOUS, PEUPLE DU FEU, NOUS AVONS EU BEAUCOUP DE DIEUX, MAIS… mais jamais, jamais nous n’avons eu d’amis. Aujourd’hui, nous te louons, Amos Daragon, non plus comme notre dieu, mais comme l’un d’entre nous. ET SACHE, AMOS DARAGON, QU’IL N’Y A RIEN DE PLUS SOLIDAIRE QUE LES FEUX ! Ô PHÉNIX ! LES FLAMMES NAISSENT ENSEMBLE ET MEURENT ENSEMBLE, TELLE EST NOTRE LOI, CAR OUI, NOUS SOMMES UN BON PEUPLE !

— Pour ça, oui ! s’exclama Amos, ému jusqu’aux larmes. Vous êtes un bon peuple, mais surtout un grand peuple.

— QUE LE PHÉNIX SE BÉNISSE LUI-MÊME POUR CES JUSTES PAROLES ! ajouta le prêtre exalté en exécutant des petits pas de danse. Nous t’aiderons, Amos Daragon, même si nous devons y laisser notre dernière bouffée de chaleur, car il n’y a rien de plus sacré qu’un ami. MAINTENANT, SORS DE CETTE MAISON, Ô GRAND PHÉNIX ! ET VA VOIR TON PEUPLE, VA À LA RENCONTRE DE CEUX QUI CROIENT EN L’AMITIÉ !

Comme le lui avait demandé le grand prêtre, Amos se leva et se dirigea lentement vers la porte défoncée de son refuge. Il put immédiatement voir que la tempête avait cessé. Cependant, c’est lorsqu’il franchit le seuil qu’il comprit que les Phlégéthoniens ne l’avaient pas laissé tomber, qu’ils avaient considéré sa demande avec beaucoup de sérieux.

Partout autour du camp, des centaines de milliers de petits bonshommes de lave étaient agenouillés, tête baissée, pour accueillir dignement leur Phénix. Un silence impressionnant planait sur la montagne. Les korrigans qui n’avaient pas pris Amos au sérieux quand il leur avait dit de quitter les lieux étaient rassemblés en un seul bloc sur une minuscule place entre les maisons de pierre. Pour une des rares fois de leur vie, ils semblaient avoir avalé leur langue, car ils ne prononçaient plus un mot. On aurait dit qu’une parcelle de soleil était tombée sur la montagne, tellement il y avait de feu, de chaleur et de lumière. Au centre du groupe de korrigans, Amos put voir la guide spirituelle de Tserle, dont l’avatar de Loki avait pris les traits la veille. Elle le salua d’un léger mouvement de tête et il lui répondit en lui montrant la bourse où se trouvaient les pierres de puissance destinées à la porteuse de masques. La korrigane sourit, puis se tourna vers ses semblables pour tenter de les rassurer.

Le grand prêtre de lave se plaça devant Amos et s’adressa avec fierté à son peuple :

— OH OUI ! NOUS SOMMES…

— …UN BON PEUPLE ! continuèrent en chœur les fidèles en trépignant.

À cet instant, un éclair déchira le ciel dans un retentissant coup de tonnerre, et de gros grêlons commencèrent à s’abattre sur les Phlégéthoniens.

— LES DIEUX SAVENT QUE NOUS SOMMES ICI ET ILS NOUS PROVOQUENT ! hurla le prêtre, en colère. RETOURNONS-LEUR CETTE GRÊLE, MES FRÈRES ! ALLEZ ! CHAUFFONS !

Des crépitements et des pétillements se firent entendre et une énorme bouffée de chaleur s’éleva instantanément vers le ciel. Les billes de glace s’évaporèrent aussitôt vers les nuages. Amos crut un moment qu’il allait perdre connaissance, tellement le changement de température fut soudain.

— LE PEUPLE DU PHLÉGÉTHON SE METTRA BIENTÔT EN MARCHE POUR ENFLAMMER LE SOMMET DE CETTE MONTAGNE ! ÊTES-VOUS PRÊTS SOIT À VOUS ÉTEINDRE À TOUT JAMAIS, SOIT À BRILLER POUR L’ÉTERNITÉ ?

— OUI, NOUS LE SOMMES ! répondirent d’une même voix les Phlégéthoniens surexcités.

— ALORS, EN ROUTE ! fit le grand prêtre, les bras levés. QUE LE PHÉNIX NOUS GUIDE ! OH OUI ! NOUS SOMMES UN…

— …BON PEUPLE !…

Amos retourna dans la petite maison pour y emballer vite ses affaires, après quoi, pour la première fois de son voyage, il mit son trident en bandoulière. Il valait mieux se tenir prêt afin de ne pas se faire surprendre.

Lorsqu’il ressortit de son refuge, le porteur de masques vit un grand cheval noir aux sabots de feu et aux yeux incandescents qui l’attendait. Il s’agissait de la monture de Yaune-le-Purificateur, cet ancien chevalier devenu un démon et gardien de la porte des Enfers.

— Mais dites-moi maintenant, comment avez-vous fait pour venir si rapidement jusqu’ici ? demanda Amos au prêtre Phlégéthonien. Êtes-vous passés par la porte de l’abbaye de Portbo, sur l’autre continent ?

— Exactement ! Le feu voyage très vite dans le monde des mortels, car votre air est rempli de gaz inflammables. Il nous a suffi de nous brûler un chemin jusqu’ici.

— Et comment vous y êtes-vous pris pour le cheval ?

— Nous avons pris ses cendres avec nous, pour ensuite, comme pour toi dans le passé, ô grand Phénix ! le faire renaître. Nous avons pensé que, sur une telle monture, tu aurais fière allure pour mener nos troupes. Yaune nous a fait promettre d’en prendre grand soin, alors… pas d’imprudence !

— J’en prends bonne note, répondit Amos en grimpant sur le cheval. EN AVANT !

À son commandement, les Phlégéthoniens se placèrent en rangs serrés et lui emboîtèrent le pas. Sous le regard médusé des korrigans, ils entamèrent leur ascension vers le sommet. Chacun de leurs pas faisait d’abord fondre la neige, puis asséchait la terre autour d’eux. Des nuages de vapeur montaient vers le ciel dans le son assourdissant de la friction des éléments.

Plus ils montaient, plus le froid se faisait intense. Les Phlégéthoniens resserrèrent encore plus les rangs. Quelques petits bonshommes des premières rangées ne purent résister au vent glacé et succombèrent au froid. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces pertes eurent un effet bénéfique sur le moral des troupes qui entonnèrent un hymne guerrier aux paroles dramatiques. Toujours sur son cheval, Amos vit se lever devant lui une centaine de géants de glace qui commencèrent à bombarder les Phlégéthoniens de gros morceaux d’eau gelée.

— CHAUFFEZ, MON PEUPLE ! CHAUFFEZ ! hurla le prêtre.

Amos voulut faire dévier les projectiles en tentant de créer une bourrasque, mais, comme l’avait prévenu l’avatar de Loki, son masque de l’air demeura inefficace contre la volonté des dieux.

— Ne tente pas de nous aider, ô Phénix ! lui dit le prêtre Phlégéthonien. Pars vite retrouver celle que tu cherches, nous mènerons ici la bataille afin de créer une diversion. Qu’en dis-tu ?

— Je crois que c’est une excellente idée ! répondit Amos. Allez-vous pouvoir tenir le coup ?

— Nous tiendrons aussi longtemps qu’il le faudra ! le rassura le petit bonhomme. Regarde le premier bataillon, là-bas, et tu comprendras que tu n’as pas à t’inquiéter pour nous !

En effet, les Phlégéthoniens entouraient un géant et lui avaient déjà fait fondre une jambe. Serrés les uns contre les autres, les habitants de la rivière de feu résistaient à toutes les attaques.

— Une fois la neige des alentours fondue, nous chaufferons les pierres jusqu’à les liquéfier afin de créer un bassin de lave pour soigner nos blessés, expliqua le prêtre. Ainsi, nous pourrons régénérer presque indéfiniment notre armée. Les dieux pourront nous envoyer ce que bon leur semble, froid, géants, peu importe, nous tiendrons et, de minute en minute, nous gagnerons du terrain vers le sommet.

— Dans ce cas, me voilà rassuré ! s’exclama Amos. Bien, je fonce pour retrouver Tserle !

— Ne t’éloigne pas du cheval, ô notre Phénix ! lui conseilla le Phlégéthonien. Il saura résister aux pires tempêtes et te procurer la chaleur nécessaire pour ta survie. Ces bêtes ont un cœur de lave !

— D’accord, merci ! À bientôt, alors !

Amos ordonna au cheval de foncer vers le sommet de la montagne. Rapide comme l’éclair, la bête obéit tête baissée et, dans la tempête qui s’était levée, évita aisément les attaques de deux géants de glace. En moins de cinq minutes, le cavalier et sa monture furent en sécurité, loin des tirs de projectiles.

Ainsi que le lui avait dit Plax, un vent glacé d’une force surnaturelle se mit à fouetter le visage d’Amos qui utilisa un long foulard que lui avaient donné les korrigans pour s’envelopper la tête. Comme la neige devenait de plus en plus épaisse à mesure qu’il prenait de l’altitude, le cheval des Enfers dut ralentir le rythme de sa montée. Heureusement, la bête produisait toujours beaucoup de chaleur et ne semblait pas fatiguée.

« Ce n’est pas possible ! pensa le porteur de masques en essayant de percer le blizzard qui l’empêchait de voir à plus de deux pas devant eux. Je ne trouverai jamais Tserle dans cette tempête ! Oh ! mais oui, tiens ! Le pendentif de l’amazone, je l’oubliais, celui-là ! »

Les mains glacées malgré les pouvoirs de son masque de feu qui le protégeait de ce froid surnaturel, Amos regarda à travers le cristal et se concentra. Guidé par les couleurs du cristal, il mena sa monture vers le dernier plateau, tout en haut du mont d’Hypérion, pour y découvrir enfin celle qu’il cherchait.

Enchaînée les bras vers le haut à deux immenses colonnes de marbre blanc, les pieds retenus à un socle de pierre, la tête inclinée sur une épaule, Tserle attendait d’être délivrée. Son corps était complètement gelé, et sa peau, bleuie à cause du froid, paraissait aussi fragile que du cristal. Elle portait une armure semblable à celle des amazones, si ce n’est qu’à la taille, une large ceinture retenait le fourreau d’une large épée à deux mains.

« Les dieux l’ont bien piégée, songea Amos en sautant de sa monture. Pas étonnant qu’elle soit gelée, même la neige n’arrive pas à tenir à cause de ces bourrasques. »

Pour faciliter ses propres mouvements, le garçon plaça le cheval de façon que celui-ci le protégeât du vent pendant qu’il s’efforçait de libérer la jeune fille. Il eut beau tenter de toutes les façons possibles de briser les chaînes, rien n’y fit : les cadenas et les maillons refusaient de céder. Malgré ses tremblements de froid, le porteur de masques essaya de liquéfier le fer en faisant appel à ses pouvoirs sur le feu. Quel ne fut pas son étonnement en s’apercevant qu’il y arrivait avec une stupéfiante facilité !

« Ce n’est pas normal, se dit-il. Mon corps a commencé à s’engourdir et mes pouvoirs devraient avoir un bien faible poids contre la volonté des dieux. Je n’aurais pas dû réussir avec autant de facilité… surtout par un froid aussi glacial… Et puis, les cadenas demeurent impossibles à ouvrir, alors que les chaînes sont toutes ramollies… Il y a quelque chose qui cloche… Ce doit être une ruse… »

Amos réfléchit encore quelques secondes.

« C’est ce que les dieux doivent attendre de moi. Ils veulent que je délivre Tserle ! Ils m’opposent juste assez de force pour me rendre la tâche difficile, mais sans la rendre impossible… Qu’est-ce qu’ils attendent donc de moi ? Ça y est, j’ai compris ! Si j’emmène Tserle, elle se réchauffera et le choc thermique la tuera ! Oui, c’est ça ! Les immortels veulent me faire porter le poids de cette mort et me rendre coupable de l’échec de la mission des porteurs de masques !… »

Telle une gifle, un coup de vent vint frapper le garçon en plein visage.

— Je ne suis pas là pour te montrer le chemin, mais pour faire la route avec toi, dit tout haut Amos, se rappelant la fameuse phrase de son maître. Les dieux auront beau me gifler tant qu’ils voudront, ce n’est pas à moi de libérer Tserle de son piège, mais à elle de le faire ! Elle est en parfaite position pour accomplir son voyage vers le masque de l’éther. Tout ce qui lui manque, ce sont les pierres de puissance de la terre.

Le garçon sortit de son sac une première pierre qu’il déposa dans la main gelée de la jeune fille. À l’aide du masque du feu, il parvint à réchauffer suffisamment sa paume pour que la pierre se mette à bouillir avant de pénétrer dans son corps.

— Au tour des deux autres pierres ! s’exclama-t-il, ravi. Une fois que ce sera fait, elle sera en mesure d’entreprendre son voyage vers l’éther. Je dois par contre attendre quelques heures que son masque intègre correctement ses nouveaux pouvoirs avant de lui donner la deuxième pierre, puis, plus tard, la troisième. Il faut que je me réchauffe, maintenant !

Bien adossé contre la monture de Yaune-le-Purificateur, Amos utilisa ses pouvoirs sur l’air afin de créer autour d’eux une petite tornade. Ainsi protégé des terribles bourrasques, il réussit à rendre sa situation presque confortable. Il se mit à songer à Béorf et à Médousa, bien sûr, mais il eut davantage de pensées pour Lolya. En se remémorant les moments fantastiques des aventures qu’ils avaient vécues ensemble, il ressentit une mélancolie qui le submergea, et une larme perla au coin de son œil. Il aurait aimé être avec Lolya en ce moment bien précis. Ils se seraient blottis l’un contre l’autre près du feu, dans un abri de fortune, alors que la tempête aurait fait rage à l’extérieur. Il se rappela la fois où elle lui avait déclaré avec maladresse son amour, et comme sa propre réaction avait été tiède. Il soupira et se demanda si elle était heureuse chez les Dogons.

« Ce que j’ai pu être bête ! se dit-il. J’aurais dû insister pour lui expliquer la réalité d’un porteur de masques et lui dire que, malgré cela, moi aussi, je l’aime. J’aurais voulu ne pas la blesser et encore moins la chasser de ma vie. Si je reviens vivant de cette mission, je tenterai de recoller les morceaux afin que nous repartions sur de nouvelles bases. Enfin, j’espère qu’il n’est pas trop tard et quelle me pardonnera l’indifférence que j’ai affichée… J’aimerais tant que tu sois là, ma belle Lolya… J’aimerais tellement t’entendre me raconter tes trucs bizarres de nécromancienne. J’ai si froid sans toi… »

 

La fin des dieux
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